Jérusalem est sacrée pour les Juifs, les Musulmans et les Chrétiens. L’ironie métaphysique de la sacralisation des mêmes lieux par trois religions pour lesquelles il ne peut en exister qu’une seule, loin de prêter à sourire, exacerbe l’affirmation de son appartenance à l’une d’entre elle. Si bien que dans les rues étroites de la vieille ville de Jérusalem, ce sont moins des personnes singulières qui se côtoient que les représentants de communautés qui affichent les signes de leurs identités religieuses. Quant à ceux qui ne se présentent pas comme les membres identifiables au premier regard d’une communauté religieuse, à savoir les touristes venus du monde entier et les militaires israéliens, ils ne peuvent se prévaloir d’aucune neutralité. Bien peu s’en réclament du reste, et le voudraient-ils qu’ils seraient immédiatement assignés à un groupe, un camp, une communauté par les autres. Impossible d’être simplement quelqu’un.
Entre toutes ces personnes réduites à leur appartenance, les échanges extracommunautaires sont autant que possible évités. C’est à peine si on se regarde. Un sourire passerait pour une folie ou une provocation. La tension est aussi feutrée qu’intense. Contenue par l’indifférence dédaigneuse que chacun s’efforce d’avoir à l’égard des autres, elle enferme chacun dans ses certitudes, dans sa communauté, dans son monde.
C’est précisément cela que j’ai voulu rendre dans cette série : la diversité des mondes qui se croisent et s’ignorent dans ce tout petit espace qu’est la vieille ville de Jérusalem.
A propos de cette série, vous pouvez lire l’analyse de Pierre Vinclair à cette adresse : http://vinclairpierre.wordpress.com/2010/11/14/le-sens-de-jerusalem/