Ces bateaux ont déjà été photographiés et filmés à de nombreuses reprises, généralement pour en faire le symbole du désastre écologique qu’est l’assèchement de la mer d’Aral et accessoirement une mise en accusation du communisme soviétique. Mais il m’a semblé qu’on pouvait les voir et les montrer autrement. D’abord parce que ces bateaux ne sont pas seulement les stigmates d’un désastre, ils constituent aussi un spectacle surréaliste et d’une saisissante beauté. Ensuite parce qu’ils n’ont pas toujours été des vestiges, ils ont connu la mer où ils étaient l’outil de travail des pêcheurs.
C’est cela que j’ai voulu rendre visible. En transformant la steppe plate et sèche en mer agitée par des vagues et en tâchant de rendre sensible les torsions et cette sorte d’effort animal que les bateaux semblent avoir lorsqu’ils avancent sur la mer. En même temps que leur beauté, il s’agissait de rendre présente la mer qui ne les porte plus sur ses flots.
Pour cela, j’ai réalisé des images composites : des assemblages par ordinateur de vues partielles des bateaux ou du site. Mais sans du tout dissimuler le procédé. Il ne s’agissait pas de concevoir des images crédibles, mais au contraire qu’on comprenne que ce sont des images construites, que ce n’est pas comme ça « en vrai ». Tout simplement parce que l’enjeu était de rendre visible une vision poétique et cependant pas du tout fantaisiste de ces bateaux.
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